Les Réponses Orientales aux questions de la philosophie occidentale

17,00

Editions : Al-Bouraq
Année : 2001
Auteur : Philippe QUESNE

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Description

Nous ne cessons de mesurer culture, philosophie et histoire arabes à l’aune de l’Occident auquel elles serviraient de pont de l’Antiquité vers la modernité, le but n’est sans doute pas d’aller chercher un Orient pur, à la manière mystique, et de penser une culture sans l’autre, mais d’inverser le regard qui va d’Orient en Occident : au lieu de voir dans la culture arabe ce qui prépare la culture occidentale, voir au contraire dans certains concepts fondamentaux de cette culture un impensé de l’Occident, quelque chose d’inouï pour lui, un autre qui dénoue parfois certaines de ses apories: au lieu de dire que la culture arabe n’oppose pas d’individu à la société, voir qu’elle oppose plus subtilement à la société une autre société, à la sédentarité le nomadisme, au lieu de penser l’histoire arabe dans son rapport extérieur à l’histoire mondiale, la penser dans son animation interne, entre son paganisme propre et l’Islam, au lieu de croire à une identité de la politique et de la religion, penser un rapport qui ne soit ni l’identité ni l’opposition du spirituel et du temporel.
L’idée d’une fécondation de la philosophie occidentale, juive et chrétienne, par la philosophie musulmane, ou par la transmission qu’elle opère de l’héritage philosophique grec, a pour conséquence paradoxale de reléguer la pensée philosophique musulmane dans le passé, d’en faire un pur objet antiquaire, et de la priver de toute actualité. Le présent ouvrage souhaite montrer d’une part que la philosophie musulmane classique, par exemple chez Averroës ou Ibn Khaldûn, ne saurait se réduire à cette fonction antiquaire pour la simple raison qu’elle a élaboré des contenus de pensée qui ne sont pas glissé dans la tradition occidentale mais peuvent en constituer, parfois, des fondements ou des idées oubliés, et donc toujours vivants ou à élucider : il en est ainsi, croyons-nous, de l’intégration du nomadisme dans la philosophie politique d’Ibn Khaldûn, ou de la constellation originale dessinée par Averroës entre philosophie, poétique et théologie. Plus loin encore, l’idée d’une politique prophétique, dessinée dans sa théorie dès la révélation du Coran, met en jeu les concepts d’opposition, de décision, de discussion, d’une manière tout à fait étonnante si on en croit l’opposition dressé entre démocratie et théocratie. Par ailleurs, il faut évoquer, à un autre niveau et pour une autre période, les points d’insertion mutuelle des deux traditions de pensée : le rôle joué par l’exemple islamique dans la constitution de la pensée sociologique récente, chez Weber ou Bataille, la réappropriation mal connue de Nietzsche par Iqbal pour critiquer l’héritage musulman mais aussi désigner une éventuelle limite de la philosophie occidentale moderne, ou encore la comparaison existentielle à laquelle se livre M. Asad entre les deux traditions. En résumé, il paraît qu’une vision du monde religieuse ne rend pas moins apte à vivre dans le monde qui est le nôtre qu’une vision du monde scientifique, technologique ou économique. Nietzsche affirmait que « le christianisme nous a frustrés de la moisson de la culture antique, et plus tard, il nous a encore frustrés de celle de la culture islamique » : le travail accompli par toute la tradition de pensée allemande pour renouer avec l’Antiquité ne doit-il pas s’accompagner de la même tentative en direction de la culture islamique, peut-être aussi, pour découvrir avec surprise, que l’esprit de l’Antiquité s’y est parfois précisé, complété, affermi, clarifié, synthétisé ?

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